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Volume 2, no 0
Les principaux acteurs dans le domaine de l'épargne : leurs enjeux et leurs défis spécifiques : commentaires

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Les principaux acteurs dans le domaine de l’épargne : leurs enjeux et leurs défis spécifiques : commentaires


Louis Bibaud
Avocat et conseiller syndical à la CSN


Je remercie Fondaction de me donner l'occasion de réagir à la présentation de Frédéric Hanin, présentation de grande qualité qui m’inspire quelques réflexions, notamment sur l’impact des régimes de retraite sur l’économie réelle.

On parle d’épargne responsable, mais ne devrions-nous pas plutôt parler d’investissement responsable ? Investissement responsable, car c’est la finalité qui détermine le caractère de ce type d’épargne. À savoir, comment cet argent est-il investi ?

Notre économie a grandement besoin de visions à long terme des investisseurs. Il faut chercher à assurer la pérennité de l’entreprise dans laquelle on investit, ne pas chercher à faire de l’argent pour de l’argent, mais plutôt participer à la construction d’un projet.

Cela signifie donc aussi d’investir dans le développement de l’entreprise. Un investisseur responsable doit ainsi pousser l’entreprise à investir, par exemple dans la formation de ses travailleuses et travailleurs, dans la recherche et développement ou dans l’achat d’équipements plus modernes.

Mais actuellement, tout concourt à l’inverse, c’est-à-dire que c’est l’investissement à court terme qui est encouragé. Au lieu du visionnaire, du créateur d’une véritable richesse, on se retrouve dans une situation où la plupart des investisseurs recherchent d’abord et avant tout à obtenir de meilleurs rendements sur le capital investi.

La Caisse de dépôt et placement a joué ce jeu-là, nos fonds de pension le jouent également et forcément, il en est de même pour les petits investisseurs. La pression est tellement grande qu’on pousse même sur les fonds de travailleurs pour qu’ils augmentent leur rendement.

Dans ce contexte, les organisations syndicales ont certainement un rôle à jouer, une réflexion à faire pour qu’on sorte de cette logique qui nous a menés à la crise économique qu’on connaît actuellement.

Il faut pousser les gouvernements pour qu’ils découragent la spéculation, qui est un des problèmes de fond actuels de l’épargne et de l’investissement. La spéculation détruit l’économie réelle : en demandant des rendements aux entreprises, il y a des réductions de coûts qui ont lieu, des mises à pied, de l’expertise perdue, de l’expérience qui est jetée à la rue. En conclusion, le résultat de la spéculation, de cette recherche du rendement à court terme détruit l’économie.

L’État devrait revoir les règles, particulièrement les règles fiscales qui encouragent actuellement la spéculation. Par exemple, que vous réalisiez un gain en capital en une journée ou en 10 ans, il est traité exactement de la même façon. Pourquoi n’y aurait-il pas une fiscalité progressive qui tiendrait compte du capital patient ?

Lorsqu’on parle de capital patient, cela doit se traduire concrètement dans la réalité. Ainsi, le gain à court terme devrait être considéré comme du revenu entièrement imposable. Autre exemple, les « stocks options », que les administrateurs reçoivent en paiement, sont des salaires déguisés et elles devraient être considérées comme tel et être imposables. Quant au capital patient, il pourrait continuer à profiter des règles actuelles. On pourrait également examiner la question des ventes à découvert… mais cette question pourrait faire l’objet d’un colloque en soi.

L’épargne responsable, ou l’investissement responsable, c’est aussi le respect des règles internationales fondamentales de l’OIT et de l’ONU. Pour l’investisseur responsable, il y a un intérêt commun à ce que les travailleuses et les travailleurs de l’entreprise dans laquelle ils investissent, puissent savoir où cette dernière s’en va, aient accès à toute l’information financière et organisationnelle de l’entreprise. Et même si une certaine divergence d’intérêts peut exister dans le partage des richesses produites par l’entreprise, les organisations syndicales sont potentiellement les meilleurs alliés des investisseurs responsables, car elles ont le même intérêt à vouloir assurer la pérennité de l’entreprise.

 

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Colloque 15e anniversaire de Fondaction : L'épargne responsable
février 2011
Le citoyen fait face à plusieurs dilemmes en matière d'épargne. Dans un contexte où les enjeux globaux exigent de repenser nos manières de faire, dans une perspective de responsabilité sociale, que peut-on proposer dans le domaine de l'épargne responsable ?
     
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